Les Fondamentaux de GrenobLE LAB

En vous parlant des débuts de Grenoble ECO LAB, nous avons souvent partagé un constat : un nombre incroyable de projets ou idées restent dans nos cerveaux et n’aboutissent donc jamais à rien.

Les raisons évoquées sont :

  • Manque de temps ou de moyens 
  • Appréhension due aux regards d’autrui, 
  • Absence de lieux propices pour commencer à en parler et initier les premières actions

Réunir les conditions favorables

Nous avons ainsi eu envie de créer ce lieu où serait réunies les conditions favorables à l’émergence de projets, surtout s’ils allient économie locale, écologie et aspect sociétal.

La première étape a été de regarder ce qui existait, fonctionnait et quels étaient les éléments que nous pouvions apporter.

Ensuite nous avons décloisonné tout ce qui se faisait en la matière, puis rencontré, échangé et nous sommes engagés sur notre projet. Après chaque rencontre, nous l’avons adapté aux nouvelles données partagées.

De nombreuses connaissances, amis, collègues, eux-mêmes experts dans des domaines divers se sont intéressés à notre démarche et, alors que les disparités de regards annoncent souvent la fin des débats sereins, ce fût l’inverse qui se passa.

Chaque avis, chaque regard avaient sa place, enrichissaient les échanges, adaptaient ce projet aux besoins qui se dessinaient.

Une démarche d’intelligence collective

Nous étions ainsi naturellement en train de mettre en œuvre l’intelligence collective

Concrètement, nous étions entourés d’un ensemble d’experts aux avis et expériences diverses, partageant la même envie d’être un acteur plus actif encore, de ce dynamisme économique local en pleine mutation. 

Les prises en compte des enjeux écologiques étaient certes différentes mais évidentes et la volonté de participer à la vie sociale continuait de se développer chez chacun.

Toutes les initiatives devaient avoir leurs places. Les débats s’enrichissaient autour de la multitude de projets qui émanaient ou commençaient même à s’initier. 

Nul enjeux politique, leurs représentants étant reçus avec la même ouverture que tous citoyens, leurs regards et apports étant aussi créateurs d’opportunités pour tous.

Mais cette intelligence collective, pour donner corps aux multiples idées qui foisonnaient devait structurer la démarche pour être efficace. Nous nous sommes appuyés sur les travaux de nos cousins canadiens et nos voisins lyonnais.

Approche SynOpp et Effectuation

Elle s’appelle l’approche SynOpp chez les premiers, puis l’Effectuation chez les seconds, avec les travaux de Philippe Silberzahn Professeur associé à EMLYON.

L’Approche SynOpp , est développée par Claude Ananou – Maître enseignent à HEC Montréal, elle s’appuie sur l’analyse des lancements de projets qui ont fait bouger les lignes de nos sociétés.

Il a interviewé, analysé et observé les approches mises en place par tous ces créateurs, toujours avec la même ouverture et la même curiosité. (article Une approche pour braver l’incertitude et Entreprenez avec intuition)

Pour Claude Anouna tous les êtres humains sont d’ailleurs de potentiels créateurs. 

Il partage cette conviction avec Muhammad Yunus, prix Nobel d’économie en 2006 et fondateur de la première institution de microcrédit.

Les porteurs de projets ont besoin d’avoir une approche qui leur soit favorable, de disposer d’un entourage constructif et de conditions adaptées 

Tout ceci nous plaisait beaucoup

Les Fondamentaux étaient définis

Les bases fondatrices de Grenoble ECO LAB étaient donc posées :

  • Un lieu ouvert, centré sur des projets d’activités mais apolitique et aconfessionnel
  • Une intelligence collective au service des projets – internes et externes
  • Une approche multi-source, ouverte et structurée

Un Tiers Lieu … ça fonctionne comment ?

« Un Tiers Lieux ne se définit pas par ce que l’on en dit mais par ce que l’on en fait »


movilab.org

Un Tiers Lieu, c’est avant tout un lieu pour initier des projets positifs pour la société et la planète .

Un espace qui permet de disposer des ressources humaines matérielles pour les développer, 

Nous retrouvons dans ce type de lieu tous les fondamentaux de l’Intelligence collective avec cette diversité d’approche qui y est attendue et même recherchée. 

Il y a une volonté partagée de sortir de notre « entre soi » et de se réapproprier le « collectif » dans son axe constructif

Les projets y sont initiés et testés sous différents regards avec des donnés disponibles, une approche et une méthode partagées. 

Mais la particularité du Tiers Lieux est de devenir aussi « le bien » de toute personne ou organisation désireuses d’initier une nouvelle démarche.

C’est à cette conditions que le lieu s’enrichit, l’un des fondamentaux étant d’y partager les données présentes ou acquises (dans la mesure des chartes de confidentialité)

Le retour de la confiance

Ceci demande donc en amont une charte solide, de la vigilance mais aussi retrouver cette confiance naturelle qui nous fait souvent défaut. En effet, une participation de tous est prévue pour avancer dans cette démarche mais cela ne règle pas tout l’aspect économique ni ne répond aux besoins initiaux des lancements de projet.

 Un regard de gestionnaire

Il faut donc aussi regarder Grenoble ECOLAB…..sous l’angle de la gestion  brute:

Un Tiers Lieux c’est d’abord un lieu donc …sous l’angle de la gestion financière, ce « Tiers Lieux » est une charge de production qui rentre dans le modèle économique d’un bien ou d’un service. 

S’il est difficile de parler de Business Model pour ce type de structures ouvertes et évolutives, nous n’échappons pas à ce « besoin d’équilibre » financier 

Donc, comme ailleurs, nous retrouvons :

  • Des charges de production d’un côté et …de la valeur de l’autre

Ces charges de productions, nous avons commencé par les minimiser pour plusieurs raisons :

  • Des raisons évidentes d’économie en ces périodes …incertaines
  • Une volonté d’indépendance car c’est une condition essentielle pour développer de vrais outils d’intelligence collective … et nous vous dirons pourquoi
  • Une volonté de cohérence avec les méthodes utilisées .. et nous reviendrons dessus aussi très vite

Nous retrouvons donc dans cette « colonne » Charges :

  • Notre loyer 
  • Nos charges : électricité, gaz, eau,  etc. …
  • L’achat de peinture etc. …
  • Quelques travaux de plomberie et autres rénovations…
  • La fabrication d’un coin d’accueil
  • etc …

Les Valeurs crées par Grenoble ECO LAB, ses produits, services et solutions proposés :

  • Location de Bureaux indépendants, partagés et autres salle de réunion
  • Location éphémère d’espace « Show-room » 
  • Expos vente de créations artistiques, artisanales et industrielles
  • Conférences et Tables Rondes
  • Ateliers d’élaboration de projet
  • Accompagnement d’expert sur les thèmes centraux
  • Organisation d’After et autres rencontres

Tout ceci créant une dynamique propre à favoriser les adhésions de particuliers et d’entreprises puisque nous partageons avec eux un outil porteur de valeurs et de richesses nouvelles.

Concrètement, nous retrouvons dans ce développement la théorie de l’effectuation défendue par Philippe Silberzahn professeur à EMLYON Business

Avec comme premier principe de démarrer avec ce que vous avez !

Mais nous reviendrons souvent sur ses travaux ainsi que ceux de Claude Ananou, Maître d’enseignement à HEC Montréal ( voir aussi notre article « Une approche pour braver l’incertitude« )

Une approche pour braver l’incertitude

Une approche pour braver l’incertitude

Claude Ananou, Maître d’enseignement à HEC Montréal, et multicréateur partage le constat suivant :

  « les plus grands succès tels Microsoft, Facebook ou Google sont nés d’une intuition et d’un rapide passage à l’action » 

Il a suivi les enseignements de Saras Sarasvathy, à l’origine de « la théorie de l’effectuation »

Basée sur la compilation des études disponibles, les observations et des multiples les échanges autour des créateurs à succès, elle permet de comprendre leurs cheminements et théoriser leur pensée.

Claude Ananou a partagée les données de cette Approche Effectuale sous le nom de l’Approche « SynOpp » – Alchimie rédactionnelle entre « Syn »= faire le lien »  et « Opp » = opportunité

Cette approche est maintenant suivie par des dizaines de milliers de porteurs de projets canadiens et d’ailleurs .

Elle est également le FIL ROUGE de GrenobLE LAB

 L’Approche SynOpp :

Dans l’approche SynOpp, tout commence par l’identification d’un besoin, puis  de la solution pour y répondre.

Le porteur de projet va donc créer son marché ou il va apporter « un avantage prépondérant » par rapport à l’existant.

La première particularité est ici de valoriser les étapes intermédiaires par rapport au but final

 Le créateur entre donc plus directement dans la phase « test » où son modèle d’affaires va se construire peu à peu à travers la validation de son projet en grandeur nature. Il va ainsi en parler, s’engager et adapter celui-ci en fonction de l’accueil réservé et des mutations de contexte.

L’approche SynOpp favorise l’action et la décision mais aussi la multiplicité des échanges et la réflexion, elle accompagne ainsi l’intuition des besoins qui ont été pressentis et crée une « opportunité » – terme anglosaxon que nous appelerons plutôt  ici « les conditions favorables » .

 Claude Ananou représente donc sa démarche par une spirale afin de démontrer que la progression n’est pas linéaire, mais bien itérative et progressive .  On commence petit et cela prend de l’ampleur

 

 4 étapes sont distinguées: 

 

 Nous analysons, avec une approche globale,

  • Nos valeurs, notre expérience, notre réseau
  • Notre environnement
  • Puis … le projet lui même

pour ensuite:

  • Identifier le besoin
  • Analyser ce que l’on apporte
  • Adapter notre solution au besoin du client

La 2e étape est d’accepter qu’entreprendre c’est partir à l’aventure, c’est « l’Heuristique  » et qu’il faut parfois savoir passer à l’action sans trop réfléchir, si l’on sait travailler sur les boucles de rétroaction pour remédier jusqu’à aboutir aux meilleures décisions

 Nous parlons donc ici d’Itérativité : Cette faculté de savoir recommencer, reprendre, reculer pour mieux repartir avec cette certitude que l’on apprend de ses erreurs. C’est la nécessaire modestie de tout porteur de projets

Nous parlerons pour finir de Synchronicité, cette cohérence qui donne du sens à des événements qui n’avait pas forcément de cause à effet entre eux.

C’est être capable de fusionner les rencontres et les découvertes avec cette capacité de donner une finalité et un sens à ce qui paraissait hétéroclite

 Nous parlons donc bien de créativité chez le porteur de projet car agencer, mettre les choses ensemble, c’est de la créativité …

Nous sommes maintenant bien au delà de la « fenêtre d’opportunité » mais ce sont les éléments créés qui sont devenus Opportunité unique !

 Nous découvrons ainsi, à travers cette approche, ce qu’est la Sérendipité, cette capacité à trouver quelque chose en cherchant autre chose, à profiter des situations hasardeuses et les transformer en situation intéressante.

 Elle ouvre les esprits et permet d’identifier des pistes. Nous parlons donc ici « d’élargir le « champ des possibles » …

 Une question se pose souvent au cours de cette approche : Peut-on développer la Sérendipité ?

 Mais peut-on provoquer la chance ? Cette métaphore est presque un oxymore car « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés » avait coutume de dire Louis Pasteur

 Il faut pour cela s’ouvrir aux informations,  aux autres, developper sa curiosité, augmenter sa vigilance entrepreneuriale, sa capacité d’identifier des affaires, savoir faire les liens et créer ainsi les opportunités !

 Sortir de sa zone de confort, être curieux, c’est cela provoquer la Sérendipité mais c’est aussi cela vivre l’approche SynOpp

 Mais il y a une dernière étape avant le lancement qui est de réfléchir à son degré d’engagement, savoir s’accorder une phase de réflexion : « qu’est-ce que je suis prêt à perdre sur le plan financier, personnel, réputation, estime de soi ? » car après avoir aussi vérifié que le créateur est bien en phase avec son projet, son projet avec le marché, il est essentiel de valider que les risques d’échec sont cernés et acceptés.

C’est ce que Claude Ananou appelle, « notre sensibilité à la perte » et elle peut être différente selon les personnes, ce n’est pas un projet qui est à risque pour lui, mais bien notre subjectivité.

Maintenant nous allons passer à l’amorçage du projet; celui qui consiste à développer des prototypes, à lancer une petite production ou initier une action. Pendant l’amorçage, nous allons travailler avec « nos fidèles ». Ici, on teste, on prend les premières commandes, les premiers engagements …

Cette étape est fondamentale, se fait dans la confiance et permet de vérifier notre identification du besoin, d’ajuster notre solution, vérifier que nos avantages sont clairement là.

Et enfin la dernière étape : le déploiement

C’est ici que son entreprise se développe, passe à la vitesse supérieure. A cette étape, il faut bien souvent revoir les besoins, c’est l’aspect « itératif » de l’approche SynOpp…mais ce déploiement n’est volontairement pas traité par Claude Anouna dans ce module, certainement pour nous laisser toute la latence pour nous plonger maintenant dans l’élaboration de nos Business Model et Business Plan

Nous pouvons donc avancer l’idée que la démarche SynOPP c’est une façon d’initier l’entreprise mais c’est aussi et surtout un état d’esprit. Il n’est en rien opposé aux Business Model puis Business Plan mais a une valeur inestimée lorsqu’il vient en amont.

Le créateur a alors déjà « vécu » son projet, l’a pensé, adapté; il a ainsi vu toutes les opportunités et impasses en amont de la rédaction de ces 2 étapes traditionnellement attachées à toute création d’entreprise. Son analyse s’en trouve facilitée et enrichie .

L’élaboration des Business Model et Business Plan vient alors structurer le projet, rassurer les financeurs pour ne plus être le « cauchemar des postulants créateurs » ou une simple étape obligée mais un véritable «outil» pour sortir les projets des carcans et oser l’innovation sociale qui nous porte au-delà des lignes établies.