Claude Ananou, Maître d’enseignement à HEC Montréal, et multicréateur partage le constat suivant :

  « les plus grands succès tels Microsoft, Facebook ou Google sont nés d’une intuition et d’un rapide passage à l’action » 

Il a suivi les enseignements de Saras Sarasvathy, à l’origine de « la théorie de l’effectuation »

Basée sur la compilation des études disponibles, les observations et des multiples les échanges autour des créateurs à succès, elle permet de comprendre leurs cheminements et théoriser leur pensée.

Claude Ananou a partagée les données de cette Approche Effectuale sous le nom de l’Approche « SynOpp » – Alchimie rédactionnelle entre « Syn »= faire le lien »  et « Opp » = opportunité

Cette approche est maintenant suivie par des dizaines de milliers de porteurs de projets canadiens et d’ailleurs .

Elle est également le FIL ROUGE de GrenobLE LAB

 L’Approche SynOpp :

Dans l’approche SynOpp, tout commence par l’identification d’un besoin, puis  de la solution pour y répondre.

Le porteur de projet va donc créer son marché ou il va apporter « un avantage prépondérant » par rapport à l’existant.

La première particularité est ici de valoriser les étapes intermédiaires par rapport au but final

 Le créateur entre donc plus directement dans la phase « test » où son modèle d’affaires va se construire peu à peu à travers la validation de son projet en grandeur nature. Il va ainsi en parler, s’engager et adapter celui-ci en fonction de l’accueil réservé et des mutations de contexte.

L’approche SynOpp favorise l’action et la décision mais aussi la multiplicité des échanges et la réflexion, elle accompagne ainsi l’intuition des besoins qui ont été pressentis et crée une « opportunité » – terme anglosaxon que nous appelerons plutôt  ici « les conditions favorables » .

 Claude Ananou représente donc sa démarche par une spirale afin de démontrer que la progression n’est pas linéaire, mais bien itérative et progressive .  On commence petit et cela prend de l’ampleur

 

 4 étapes sont distinguées: 

 

 Nous analysons, avec une approche globale,

  • Nos valeurs, notre expérience, notre réseau
  • Notre environnement
  • Puis … le projet lui même

pour ensuite:

  • Identifier le besoin
  • Analyser ce que l’on apporte
  • Adapter notre solution au besoin du client

La 2e étape est d’accepter qu’entreprendre c’est partir à l’aventure, c’est « l’Heuristique  » et qu’il faut parfois savoir passer à l’action sans trop réfléchir, si l’on sait travailler sur les boucles de rétroaction pour remédier jusqu’à aboutir aux meilleures décisions

 Nous parlons donc ici d’Itérativité : Cette faculté de savoir recommencer, reprendre, reculer pour mieux repartir avec cette certitude que l’on apprend de ses erreurs. C’est la nécessaire modestie de tout porteur de projets

Nous parlerons pour finir de Synchronicité, cette cohérence qui donne du sens à des événements qui n’avait pas forcément de cause à effet entre eux.

C’est être capable de fusionner les rencontres et les découvertes avec cette capacité de donner une finalité et un sens à ce qui paraissait hétéroclite

 Nous parlons donc bien de créativité chez le porteur de projet car agencer, mettre les choses ensemble, c’est de la créativité …

Nous sommes maintenant bien au delà de la « fenêtre d’opportunité » mais ce sont les éléments créés qui sont devenus Opportunité unique !

 Nous découvrons ainsi, à travers cette approche, ce qu’est la Sérendipité, cette capacité à trouver quelque chose en cherchant autre chose, à profiter des situations hasardeuses et les transformer en situation intéressante.

 Elle ouvre les esprits et permet d’identifier des pistes. Nous parlons donc ici « d’élargir le « champ des possibles » …

 Une question se pose souvent au cours de cette approche : Peut-on développer la Sérendipité ?

 Mais peut-on provoquer la chance ? Cette métaphore est presque un oxymore car « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés » avait coutume de dire Louis Pasteur

 Il faut pour cela s’ouvrir aux informations,  aux autres, developper sa curiosité, augmenter sa vigilance entrepreneuriale, sa capacité d’identifier des affaires, savoir faire les liens et créer ainsi les opportunités !

 Sortir de sa zone de confort, être curieux, c’est cela provoquer la Sérendipité mais c’est aussi cela vivre l’approche SynOpp

 Mais il y a une dernière étape avant le lancement qui est de réfléchir à son degré d’engagement, savoir s’accorder une phase de réflexion : « qu’est-ce que je suis prêt à perdre sur le plan financier, personnel, réputation, estime de soi ? » car après avoir aussi vérifié que le créateur est bien en phase avec son projet, son projet avec le marché, il est essentiel de valider que les risques d’échec sont cernés et acceptés.

C’est ce que Claude Ananou appelle, « notre sensibilité à la perte » et elle peut être différente selon les personnes, ce n’est pas un projet qui est à risque pour lui, mais bien notre subjectivité.

Maintenant nous allons passer à l’amorçage du projet; celui qui consiste à développer des prototypes, à lancer une petite production ou initier une action. Pendant l’amorçage, nous allons travailler avec « nos fidèles ». Ici, on teste, on prend les premières commandes, les premiers engagements …

Cette étape est fondamentale, se fait dans la confiance et permet de vérifier notre identification du besoin, d’ajuster notre solution, vérifier que nos avantages sont clairement là.

Et enfin la dernière étape : le déploiement

C’est ici que son entreprise se développe, passe à la vitesse supérieure. A cette étape, il faut bien souvent revoir les besoins, c’est l’aspect « itératif » de l’approche SynOpp…mais ce déploiement n’est volontairement pas traité par Claude Anouna dans ce module, certainement pour nous laisser toute la latence pour nous plonger maintenant dans l’élaboration de nos Business Model et Business Plan

Nous pouvons donc avancer l’idée que la démarche SynOPP c’est une façon d’initier l’entreprise mais c’est aussi et surtout un état d’esprit. Il n’est en rien opposé aux Business Model puis Business Plan mais a une valeur inestimée lorsqu’il vient en amont.

Le créateur a alors déjà « vécu » son projet, l’a pensé, adapté; il a ainsi vu toutes les opportunités et impasses en amont de la rédaction de ces 2 étapes traditionnellement attachées à toute création d’entreprise. Son analyse s’en trouve facilitée et enrichie .

L’élaboration des Business Model et Business Plan vient alors structurer le projet, rassurer les financeurs pour ne plus être le « cauchemar des postulants créateurs » ou une simple étape obligée mais un véritable «outil» pour sortir les projets des carcans et oser l’innovation sociale qui nous porte au-delà des lignes établies.