Editorial deJulien Nessi, rédacteur en chef

Les tiers-lieux forment le plus large mouvement citoyen jamais observé depuis le mouvement de l’éducation populaire et les maisons des jeunes et de la culture (MJC). De nombreux tiers-lieux en revendiquent d’ailleurs l’héritage. Le phénomène des tiers-lieux fait la démonstration de la manière dont les Français s’organisent pour s’emparer de leur avenir. Il est l’illustration de la capacité de la société civile à construire des réponses concrètes, pragmatiques et opérationnelles, aux défis du xxie siècle. Ces dynamiques émergent dans toute la France et forment des maillons essentiels à notre résilience, par le faire ensemble, par cette vitalité à toute épreuve, ancrée dans nos territoires », écrit Patrick Levy-Waitz, le président de France Tiers-lieux, en introduction de son rapport Nos territoires en action1 . À partir de ce constat et fidèle à notre ligne éditoriale, nous avons voulu explorer ce phénomène des tiers-lieux, en croisant les expertises et les regards de l’association France Tiers-lieux et de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Transition écologique territoriale par la recherche et l’innovation sociale (TETRIS). Les tiers-lieux donnent un nouveau souffle à l’action publique locale, car ils constituent une dynamique sociale, ancrée dans le territoire, favorisant l’expérimentation, la coopération et l’innovation ouverte pour trouver des solutions concrètes. La crise sanitaire a d’ailleurs confirmé leur capacité d’adaptation et de résilience, les fab labs et les makers ayant joué un rôle de premier plan pour produire des masques, gel hydroalcoolique, visières, respirateurs, etc. Si bien que les pouvoirs publics s’y intéressent aujourd’hui de très près. L’État mobilise 130 millions d’euros2 , dont la moitié provient du plan France relance, au bénéfice des tiers-lieux, que l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) accompagne à travers son programme « Nouveaux lieux, nouveaux liens ». Après les fabriques des territoires et fabriques numériques des territoires3 , l’État s’est également lancé dans une démarche de labélisation pour créer d’ici le printemps 2022, 100 manufactures des territoires, tiers-lieux productifs destinés à relocaliser les métiers artisanaux ou entrepreneuriaux. La formation professionnelle dans les tiers-lieux va également bénéficier en 2022 d’un soutien de l’État. Mais, comme le montre ce hors-série, soutenir les tiers-lieux exige un juste équilibre à trouver entre droit à l’expérimentation permanente et respect de leur spécificité, qui n’est ni l’extension des services publics ni des équipements publics d’un nouveau genre.

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