Organisée par GrenobLE LAB et Designers+, la Nuit du design se tiendra le 14 septembre au WTC Grenoble. Le thème de cette seconde édition : « Le design, levier des performances de l’entreprise ».
« Le lien entre design et performances n’est pas évident à première vue, explique Philippe Fracchiolla, l‘un des organisateurs de l’événement. Et pourtant, nous sommes convaincus que le design peut être un élément fort de performance dans une acception large, en l’associant à la performance économique, sociale et environnementale. » Pour Fabienne Warin, coprésidente de GrenobLE LAB, …. (lire la suite …)
Avant de vous parler de la Nuit du design, poursuivons ce partage de regards sur le métier de designer.
Cette profession est présente dans de nombreux domaines, elle a de multiples facettes mais c’est avant tout une méthodologie qui crée l’unité du design.
Cette méthodologie permet une approche basée sur la globalité du sujet traité ou de l’objet conçu. Le designer vous parle « d’intention » plutôt que d’objectif et ceux ci ne se limitent jamais à la simple approche financière et volumétrique. Ces aspects ne sont pas niés, bien au contraire, mais la notion de rentabilité reste attaché à un travail collectif, bien mené et durable. C’est dans ce contexte que le designer fourni la pleine expression de son travail, et de son art.
À notre sens, voici les grandes caractéristiques du designer :
Il a 3 principaux domaines d’expertises,
L’ingénierie – dans sa phase de conception avec une recherche de sobriété
L’Art – l’objet ou le service doit être beau, fluide, élégant …
La sociologie – car le besoin doit être réel, validé et toujours adapté au contexte
Il a une pensée dite « complexe » c’est à dire capable de voir l’intégralité d’un système, d’un projet – dont les ressources, leurs impacts sur l’environnement, la praticité, réparabilité, recyclage. Ceci en fait un acteur efficient pour accompagner son entreprise dans la transition environnementale.
Voici la vision de Bruno Lefebvre – Designer Label 2022 France Design 100
Le design ne se réduit pas à une facétie esthétique, c’est une discipline systémique incluant toutes dimensions : économique, sociale, environnementale. L’éco-design est une partie intrinsèque du « vrai » design.
C’est la vision que nous avons partagé avec nos partenaires 2022. Leurs domaines d’activités étaient parfois éloignés de l’image caricaturale du designer mais tous ont perçu le potentiel de ce secteur mal connu.
Nous les remercions tous et espérons que la dynamique 2023 sera encore plus forte pour cette 2e Nuit du Design qui a, avant tout comme objectif de permettre aux milieux économiques et aux milieux du design de mieux se connaitre; une condition préalable à l’efficacité d’une réelle collaboration.
Le designer est un acteur majeur de la transition environnementale. En effet, durant sa formation, il a dû développer une pensée globale, une pensée dite « systémique » c’est à dire capable de voir l’ensemble d’un système.
Pour s’en convaincre, s’il le fallait, nous pouvons regarder le contenu pédagogique permettant d’accéder au métier de designer produit ou toutes autres spécialités de ce métier à Strate design, école majeure de design sur Lyon et Paris .
La transition environnementale est un sujet simple et inévitable, mais également extrêmement complexe dans sa mise en œuvre. Cette transition environnementale va à l’encontre du système existant et nécessite de comprendre la dimension systémique de notre monde et la dynamique de ce système complexe avec toutes ses interactions.
C’est donc dans ce contexte complexe que le designer prend toute son ampleur.
Dans l’exercice de sa pleine fonction, il lui est demandé d’avoir les compétences d’un concepteur mais aussi d’agir avec éthique, d’élargir sa réflexion sur des modèles vertueux et des systèmes responsables. Au delà des premières ébauches, il a donc appris à penser ergonomie, durabilité, sourcing des composants et impact sur l’environnement , économie des ressources et recyclabilité.
Il aurait pu être au coeur des services RSE avec qui il partage les mêmes engagements. Il aurait été, à la fois, leur meilleur allié, stratège et opérateur mais plusieurs freins majeurs l’en ont écarté:
Le designer a été desservi par nos approches parfois un peu binaires, notre capacité à avoir des stéréotypes. Dans l’exercice de son métier, « l’esthétisme » tient une place importante car, pour lui, un objet ne peut être parfait s’il n’est pas beau. Or notre société actuelle porte un regard très paradoxal sur la beauté. Seul l’artiste, le créateur sont reconnus dans ce qu’ils créent de beau. C’est ainsi que le designer a trop souvent été catalogué, identifié comme artiste, réduit à celui « qui fait de beaux dessins »
Sa vision systémique n’est pas adapté au schéma d’organisation traditionnel par secteur d’activité (production/vente/personnel/finance..) qui régit encore les entreprises. Paradoxalement, ce sont ces mêmes sociétés qui font appel à des intervenants extérieurs pour développer cette vision systémique…
Cette capacité à voir un projet sous de multiples facettes a fait de lui un être « pensant », souvent « peu causant » . A l’inverse, lorsqu’il parle, il peut aborder le sujet sous tant d’angles différents que les interlocuteurs en poste peuvent perdre le fil. Or, dans les premiers temps de la RSE, il fallait des esprits « militants » pour développer cette Responsabilité Sociétale des Entreprises , des personnes avec l’élocution facile, capables de convaincre les directions et les services des entreprises.
La place et l’utilité des services RSE n’étant plus discutée, ne serait-il opportun de renforcer leurs impacts en intégrant ces designers professionnels capables, comme de véritables pivots, d’élargir les échanges avec toutes les expertises de l’entreprise ? Car c’est aussi cette capacité à gérer la complexité en interne et externe qui permettra d’accélérer ces transitions environnementales attendues et souhaitées par un nombres croissants de clients, partenaires et collaborateurs.